La Guette du Donjon - Bressieux

I. ACCUEIL   II. ARMEMENT   III. CIVILISATION    IV. GLOSSAIRES   V. HABITATIONS   VI. HERALDIQUE   VII. HISTOIRE 
VIII. HOMMES   IX. INSOLITE   X. SOURCES & LIENS   XI. QUESTIONS & IDEES   XII. COUP DE MAIN   XIII. LIVRE D'OR


Vue aérienne, années 1970Haut de Pagee site de Bressieux est connu depuis 1025, et il semble que le premier château ait été construit à environ 800 mètres au sud-ouest du château actuel. A la plate forme naturelle ovale de Boule Billon, le seigneur Bornon fait rapporter un tertre de terre qui va alors former une demi sphère. Au sommet, on construit un château en bois, vraisemblablement une tour quadrangulaire à étages. Ceinturée d'une palissade, elle est entourée d'un fossé en forme d'anneau. Dans la basse-cour, on peut trouver les habitations du personnel domestique, les étables, écuries et autres bâtiments agricoles, peut-être une chapelle, voire une nécropole.Donjon et tours portières

Haut de Page partir du XIIe siècle, les installations militaires sont réorganisées vers un emplacement stratégiquement plus intéressant, la motte Bressieux, qui domine la vallée à 523 mètres d'altitude contre seulement 451 pour la motte Billon. A cette époque, le château relève de l'archevêque de Vienne, comme l'indique une bulle du pape Pascal II le 2 août 1207, faisant référence au castrum bressiacum.

Haut de PageVillage et fortificationsans un premier temps (fin du XIe siècle, début du XIIe), le seigneur Aymard Ier fait travailler la motte naturelle pour aménager un fossé circulaire, au centre duquel on érige un château en bois. Ce premier château est détruit à la fin du XIIe siècle, apparemment brûlé. Il est alors recouvert d'une couche de remblai sur laquelle Aymard III construit un deuxième château, cette fois en maçonnerie de galets roulés, appareil classique des vallées glaciaires. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle sous les ordres d'Aymard VI, le château de galets est partiellement rasé, puis de nouveau remblayé afin d'ériger une nouvelle construction, cette fois en briques. Le donjon est construit entre 1276 et 1277. Probablement à la même époque, les fossés sont encore approfondis et élargis pour renforcer les défenses de l'ensemble. A certains endroits, le premier fossé atteint une largeur de 30 mètres pour une profondeur de 12 mètres. La masse considérable de remblai ainsi prélevée sert à rehausser le sol du château. Un mur d'enceinte complète le système défensif et entoure le village. Huit tours rondes surplombent le mur et protègent les ponts-levis qui enjambent le fossé au niveau des quatre portes. Deux glacis entourés de murs permettent une grande visibilité sur d'éventuels assaillants. Le premier mur descend sur la basse-cour, le second mur sert de limite extérieure au bourg. Le château occupe ainsi un polygone irrégulier de quatorze côtés, protégé par deux tours portières qui gardent les installations de l'accès principal, le tout surmonté du donjon, lequel domine de plus le plateau vers l'est.

Haut de Page l'intérieur des remparts, la vie s'organise autour de trois corps de logis. Au nord, un logis seigneurial de grande taille s'abrite sous la courtine. Sa construction remonte à la fin du XIIIe siècle, puis son intérieur est réorganisé. Bien qu'il ne reste que la délimitation de ses murs, les chercheurs ont identifié son usage. La grande salle typiquement médiévale occupe une Plan du château partie du rez-de-chaussée, à côté de pièces fonctionnelles (cave ou cellier). A l'étage, le seigneur se réserve une large salle d'audience et de représentation, exposée au sud et dotée de fenêtres de belle taille. Du côté du rempart, une lucarne percée dans la courtine atteste encore de la hauteur du logis.

Haut de Pagen poursuivant le tour, le logis de la courtine est a gardé la plus grande partie de ses murs en élévation. Des fouilles ont pourtant découvert des fondations en galets roulés, datant vraisemblablement du deuxième château du XIIe, XIIIe siècles. Il est reconstruit en briques au XVe siècle. Une tour en fer à cheval, la tour de la visite, abrite un escalier extérieur au logis qui dessert les étages et la galerie couverte qui court sur le logis est et la courtine sud. On trouve encore les traces des piliers alignés, signe clair de son existence, ainsi que l'emplacement de deux grandes cheminées. A l'étage, un conduit d'évacuation extérieur à la courtine permet de situer les latrines. D'après les objets retrouvés dans le puisard (terme du XVIe siècle, légèrement anachronique) de l'angle sud-est de la galerie, il a peut-être tari et est utilisé comme dépotoir ménager à partir du XVIIe siècle.

Haut de Pageemontons par le sud, nous trouvons le puits du château, appuyé sur le mur du logis ouest. Sa structure suit les évolutions des matériaux et la vie du site. Vers la fin du XIe, début du XIIe siècle, c'est un simple cylindre taillé à même le sol. Lors de la première phase de remblaiement de la fin du XIIe siècle, on ajoute un cône en pierre de tuf. Un siècle plus tard, la seconde phase de remblaiement permet de le rehausser d'un cylindre de galets roulés. Bien que les chercheurs l'aient curé sur vingt-six mètres de haut, ils estiment sa profondeur réelle à plus de soixante mètres. Il est désormais fermé par une plaque métallique.

Haut de Pageu sud du puits, une tour carrée en galets roulés s'encastre en partie dans l'angle sud-ouest de la courtine. A l'étage, des restes de carreaux bleus émaillés à décor témoignent de la richesse des revêtements (murs ou sols), attribués probablement au décor résidentiel "de l'appartement du légat". La tour se prolonge vers le nord par le logis ouest. Rehaussements successifs Deux pièces au moins sur les trois de ce bâtiment ont une vocation domestique : un four à pain est creusé dans l'épaisseur de la tour carrée, puis une grande cheminée dans le mur de séparation intérieur, enfin un évier en demi-cercle percé directement dans la courtine, près de l'entrée principale.

Haut de Pagees tours portières surplombent l'accès au château. Elles datent de la fin du XIIIe siècle, comme la courtine nord et le donjon (voir le plan du château pour les périodes de construction). Elles reposent sur un réseau de six arcades profondément enterrées, utilisées comme arcs de décharge pour soulager le mur. C'est actuellement la partie la mieux conservée du château.Vue intérieure

Haut de Pagees tours ont la forme d'un fer à cheval. Au centre, la porte en arc brisé est protégée par deux archères de tir, signe incontestable d'une intention de défense active du site. Elle est surmontée d'un mur plein où la herse vient se loger. Surmontée de créneaux, la construction primitive du XIIIe siècle ne dépasse pourtant pas 14 mètres de hauteur. On distingue encore clairement la marque des créneaux (voir photo de gauche). Une première étape de rehaussement permet également de la doter de hourds en bois, dont on peut apercevoir les emplacements. Plus tard, l'ensemble est encore surélevé, puis équipé de mâchicoulis. Le perçage des fenêtres à meneaux sous la frise à décor d'engrenage date du XVe siècle et marque une première étape vers l'abandon du statut de site militaire.Les mâchicoulis et l'appareil de briques

Haut de Pageu côté de la courtine nord, une ouverture latérale facilite le déplacement des défenseurs entre les tours et le donjon. Vues de la cour, les tours possèdent une ouverture à chacun des trois niveaux. Celle du haut facilite l'approvisionnement rapide de tous les étages en munitions à partir de la cour, sans encombrer les escaliers. La trouée de grandes dimensions du premier étage s'appelle une ouverture à la gorge. Son intérêt principal réside dans le fait qu'elle n'offre aucune protection face à des tirs venant de la cour. C'est ce qui permet aux défenseurs de menacer directement des assaillants qui auraient pris pied dans la tour à partir de la courtine.

Haut de Pagees tours ne sont pourtant pas la seule Le couloir défensifprotection de la porte d'entrée, généralement considérée comme le point le plus faible du château. Le chemin d'accès a bénéficié à l'époque d'un système complet d'ouvrages de défense. Cette zone a été fouillée en profondeur en 1992, mais on ne voit plus rien de son implantation aujourd'hui. En partant de la basse-cour, les visiteurs arrivent d'abord devant une barbacane. Cet ouvrage maçonné flanqué d'une tour de guet permet aux gardiens d'opérer un premier filtrage des entrées. Vient ensuite sur plus de 25 mètres une succession d'éléments montant vers la porte principale.

Haut de Page'obstacle suivant est un pont, probablement mobile, du genre pont-levis. Situé au dessus d'un petit fossé, il permet de rejoindre un grand pont dormant. Passant au dessus d'un fossé profond, ses deux arches soutenues par des piles de pierre sont occultées latéralement pour bloquer le passage des agresseurs dans le fossé à ce niveau. Pour finir, un second pont-levis à bascule, assorti de sa herse, complète le système défensif. Dans la maçonnerie des tours, on peut encore voir les points d'ancrage de l'axe des bras supérieurs du pont-levis. Une fosse maçonnée en galets roulés préserve l'espace nécessaire à la machinerie des contrepoids du pont.

Façade nord du donjonHaut de Pageymbole même de la puissance du château, le donjon y ajoute deux autres fonctions essentielles : organe de défense et habitat seigneurial. A Bressieux, il perd sa situation habituellement centrale pour occuper une position stratégique privilégiée à l'angle nord-est des fortifications. Placé sur un point faible, il renforce la défense des deux courtines du nord et et de l'est qu'il domine de sa masse imposante.

Haut de Pagea construction a été menée entre 1276 et 1277 en une seule phase, contrairement aux tours portières. Il se compose d'une simple tour circulaire de 23 mètres entièrement en briques, à laquelle il manque l'étage crénelé. On y accède par trois volées d'escaliers prises dans l'épaisseur de la fortification. En partant du pied de la tour, on découvre une première salle enterrée (dite "basse fosse"), puis aux deux étages suivants une salle établie sur un plancher, surmontée d'une coupole en briques qui soutient la terrasse supérieure. L'éclairage du donjon est restreint et se fait par trois ouvertures à fente tournées vers l'entrée du château, et deux fenêtres à meneaux du XVIe siècle remplacent les anciennes ouvertures à fente aux deux premiers étages du côté nord. Vers la cour, il n'y a plus que deux ouvertures. L'accès primitif au donjon s'effectue au XIIIe siècle par une porte étroite, accessible uniquement du chemin de ronde. D'un accès peu pratique, cette ouverture en briques à arc brisé renforce la protection passive du donjon. Avec l'évolution du château, on perce par la suite une porte à l'étage inférieur pour faciliter la circulation des logis vers le donjon.

Haut de Pageoutefois, le donjon n'est pas conçu pour servir d'habitat régulier au seigneur. L'épaisseur des murs atteint deux mètres et réduit considérablement l'espace intérieur disponible. Il semble donc qu'on ne le voue qu'à une fonction défensive en période de troubles. Les fenêtres des escaliers présentent pourtant des embrasures à degrés. Ces ouvertures sont prévues pour arrêter les projectiles mais leur configuration ne permet en aucun cas l'utilisation d'une arme de jet (arc ou arbalète). Leur étroitesse est telle qu'on arrive à peine à voir ce qui se passe dans la cour. Les experts locaux n'attribuent au site de Bressieux qu'un rôle militaire essentiellement passif. On peut légitimement se demander quelle est la pertinence d'un donjon dont les ouvertures ne peuvent pas servir à le défendre, à moins d'être persuadé de son invincibilité. Sous cet aspect, le château de Bressieux a du représenter une puissance plus que suffisante pour qu'on ne vienne pas s'y frotter de trop près...

Haut de Pageutour du site, le musée communal accueille une exposition permanente qui regroupe le mobilier archéologique découvert lors des fouilles (dont quelques superbes pièces d'échecs du XIIIe siècle) ainsi qu'une maquette des fortifications. Dommage que la barbacane n'y soit pas représentée. Le musée est généralement ouvert l'après-midi, du mercredi au dimanche, de mai à octobre. Il héberge aussi de façon temporaire des expositions. Mr Raymond Moyroud et l'association des "Amis de Bressieux" se feront un plaisir de vous y accueillir ou de vous faire visiter le site (sur rendez-vous).


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