La Guette du Donjon - Adoubement

I. ACCUEIL   II. ARMEMENT   III. CIVILISATION    IV. GLOSSAIRES   V. HABITATIONS   VI. HERALDIQUE   VII. HISTOIRE 
VIII. HOMMES   IX. INSOLITE   X. SOURCES & LIENS   XI. QUESTIONS & IDEES   XII. COUP DE MAIN   XIII. LIVRE D'OR


Haut de Pagee jeune garçon choisi pour devenir chevalier s'entraîne dès sa plus tendre enfance à l'art de la chevalerie. Le futur chevalier passe ainsi ses premières années avec sa nourrice et les autres femmes du château. On lui enseigne déjà les bonnes manières.

Haut de Pagea première étape de son apprentissage militaire se situe entre sept et dix ans, où le jeune garçon remplit les fonctions de page auprès d'un noble, dans une famille proche ou chez le seigneur. Il y reçoit la même éducation que les enfants de la famille. Le chapelain (clerc attaché à la chapelle seigneuriale) lui enseigne à parler le latin (souvent), à lire (parfois), à écrire (plus rarement), à chanter (toujours). Il arrive que le page apprenne aussi à jouer d'un instrument de musique. Ainsi, on le forme aux règles de l'honneur et de la courtoisie, notamment vis-à-vis de la gente féminine. Il est aussi chargé de faire les courses et d'assister la dame du château dans ses occupations domestiques.

Haut de Page'un des jours importants de cette enfance est celui où on lui offre son premier poney. En futur homme de guerre, il doit savoir s'occuper des chevaux et les monter en expert. Il commence aussi l'initiation au maniement des armes, notamment de l'épée et de l'arc, et apprend à tenir une lance en courant à la quintaine. La quintaine est une barre transversale pivotante fixée à un poteau, l'une des extrémités porte un bouclier qui sert de cible, l'autre un lourd sac pendant. Le cavalier doit lancer son cheval au grand galop, heurter le bouclier de sa lance, ce qui fait tourner la barre transversale. Il faut alors plonger pour éviter la trajectoire du sac. Le malheureux débutant a toutes les chances d'être jeté à bas de sa selle, mais cela fait partie de l'entraînement.

Haut de Pagee page étudie également la vénerie ou l'art de la chasse. Il doit distinguer les foulées (empreintes) et les fumets (excréments) des animaux de la forêt afin de pouvoir les suivre jusque dans leur repaire. Pour pouvoir se guider avec sûreté dans une forêt dense, il doit savoir laisser une piste et la retrouver. Le page apprend à bien connaître les chiens s'il veut pouvoir les utiliser au mieux selon ses besoins. Le seigneur admire ses chiens pour leur loyauté et leur courage. Il en possède généralement plusieurs variétés : chiens de garde, chiens de berger et toutes sortes de chiens de chasse, de guerre ou domestiques. Il emploie souvent un garde-chiens qui s'occupe de sa meute avec un soin extrême. Les faucons font aussi partie de l'éducation du page. Ces oiseaux de proie peuvent apprendre à chasser pour leur maître. Les fauconniers entraînent leurs oiseaux de chasse à l'aide d'un leurre (un oiseau empaillé qui contient un morceau de viande) que l'on fait tournoyer au bout d'une corde. Sauf en période de chasse, ces féroces volatiles sont recouverts d'un chaperon et on leur attache des clochettes aux pattes qui permettent d'entendre chacun de leurs mouvements. Le page consacre une bonne partie de son temps à la chasse ou au service du chasseur. Tout ce qui court ou vole réveille les instincts de chasse et suscite l'enthousiasme certain des membres de la chevalerie.

Haut de Pagentre douze et quatorze ans, Adoubement de Galaad le page peut devenir écuyer. Il acquiert alors le droit d'arborer des éperons d'argent, emblème de son nouveau statut. L'écuyer a également le droit de porter un bouclier armorié ainsi qu'un heaume, comme le chevalier. A ce stade de son apprentissage, il supplée un chevalier qui poursuit sa formation et le traite un peu comme un compagnon, plus généralement comme son serviteur. L'occupation principale de l'écuyer est de nettoyer son armure et celle de son maître. Il aide encore celui-ci à se vêtir et à se dévêtir, lui prépare son lit et s'occupe de sa garde-robe. Le soir, il lui apporte un verre de vin épicé et peut dormir devant sa chambre pour le protéger en cas d'attaque. En tant que futur chevalier, il apprend à sauter en selle sans toucher les étriers et à guider sa monture en lui pressant les flancs des genoux et des talons. Il se muscle à la lutte, à la course, au saut. Il s'entraîne à brandir de lourdes armes jusqu'à ce qu'il puisse combattre longtemps sans s'épuiser. Enfin, le page a désormais le droit de suivre le chevalier à la bataille. A l'ouverture des tournois, l'écuyer précède son chevalier, son heaume à la main gauche, sa lance courtoise à la main droite. En cas de victoire du chevalier, l'écuyer a la garde des prisonniers jusqu'au versement de leur rançon. Dans les tous premiers moments d'une bataille, il chevauche à côté de son chevalier et porte son bouclier et ses gantelets. Durant la bataille, il appartient à l'écuyer d'assister son maître en difficulté. Au cas où celui-ci vient à être désarçonné, l'écuyer lui cherche une autre monture ou lui donne la sienne. Quand le chevalier est blessé, il l'aide à s'éloigner du champ de bataille et à bander ses blessures. On cautérise les blessures qui saignent abondamment à l'aide d'une épée ou d'une dague passée au feu. Cela arrête le saignement et hâte la guérison en favorisant la cicatrisation. Si le chevalier vient à être tué, son écuyer lui assure un enterrement décent et veille à ce que le seigneur féodal de son maître soit informé.

Haut de Pageutur membre de la noblesse, l'écuyer se doit d'être versé dans les arts du comportement courtois : il sait divertir les invités de son maître, jouer aux fléchettes ou aux échecs, entre autres jeux. S'il veut briller en société, il doit danser, chanter et jouer de la musique avec talent. Il peut ainsi espérer attirer l'attention des dames et damoiselles.

Haut de Page partir de dix-sept ans, l'écuyer peut briguer le titre de chevalier, mais on attend en général ses vingt et un ans, l'âge de raison ou âge d'homme. Il ne peut néanmoins accéder à cet honneur que s'il possède terres ou argent en quantité suffisante pour lui permettre de se consacrer pleinement aux devoirs d'un chevalier. Cela signifie que de nombreux écuyers ne sont jamais devenus des chevaliers.

Haut de Pageu début du Moyen Age, devenir chevalier n'est qu'une simple formalité. Ainsi, jusqu'à la fin du Xe siècle, l'adoubement est une cérémonie très simple, qui coïncide généralement avec une fête religieuse. A partir du XIe siècle, l'Eglise transforme cette cérémonie d'initiation en un engagement d'honneur, obligeant le plus fort à mettre ses armes au service du plus faible. Au XIIe siècle, l'adoubement devient une cérémonie fastueuse très populaire. Sacralisé par l'Eglise, il équivaut à un second baptême.

Haut de Pagea veille de l'adoubement, on coupe les cheveux de l'écuyer pour lui rappeler qu'il doit rester humble. A cette époque, la chevelure est souvent considérée comme la plus belle parure. Il se baigne sous le regard d'un homme d'Eglise, indiquant ainsi qu'il se lave de ses péchés et qu'il se prépare à commencer une nouvelle vie. Puis il enfile des chaussures noires et s'allonge sur son lit. Le noir, couleur symbolique de la mort, doit lui rappeler qu'il mourra un jour. Le lit, qui offre confort et repos, est le symbole du paradis qu'il atteindra s'il respecte les idéaux de la chevalerie. Bien qu'il n'existe pas de code écrit de ces lois, on peut dresser un résumé assez précis des principes des chevaliers : suivre l'enseignement de Dieu, défendre l'Eglise, protéger le faible et le démuni, se battre pour sa terre natale, ne jamais reculer devant l'ennemi, mener une guerre incessante aux non-chrétiens, toujours obéir à son seigneur, soutenir le bien contre le mal.

Haut de Page'écuyer a droit à un repas frugal, mais c'est la dernière nourriture qu'il prend avant plusieurs heures. Il se confesse et passe le reste de la nuit en prière dans la chapelle du château. Cette partie de la cérémonie est appelée la veillée d'armes. Elle permet un dernier temps de réflexion. L'engagement qu'il s'apprête à prendre va diriger le reste de sa vie et ce serment est inviolable, sous peine de déchéance sociale irréversible, d'excommunication, voire d'exécution sommaire.

Haut de Pagee grand moment arrive enfin. Selon les époques et les lieux, c'est un prêtre qui officie, ou le seigneur s'il en a réclamé l'honneur. Les écuyers sortent en rang et se dirigent vers les pelouses situées devant le château, où une énorme foule s'est déjà rassemblée, impatiente d'assister à l'apogée de la cérémonie. Chaque écuyer s'avance à son tour pour se faire ceindre son épée et agrafer ses éperons dorés. L'officiant s'approche de lui et le frappe d'une claque sur le cou ou d'un léger coup sur l'épaule, de la main ou à l'aide d'une épée. L'écuyer est maintenant chevalier, il vient de recevoir l'accolade. On dit aussi que c'est le dernier coup qu'il aura reçu sans le rendre. Pendant toute l'année suivante, le nouveau chevalier porte une armure d'une seule couleur et il n'a droit à aucun signe distinctif. De plus, il est rare qu'un chevalier récemment adoubé possède ses propres terres. Il dépend directement de son père ou de son seigneur pour sa subsistance, dans l'attente de son héritage ou d'un mariage qui lui rapportera peut-être un château. Il prend alors le nom de paladin, le chevalier errant. Il lui faut se faire un nom s'il veut épouser une riche héritière et recevoir des cadeaux de son seigneur ou du roi. Ainsi, sous la conduite d'un chevalier expérimenté, avec quelques compagnons chevaliers comme lui, il quitte le château seigneurial et erre de longues années à la recherche d'aventures, d'exploits, de tournois, de gloire, de richesses et de femmes. De plus, s'il réussit à chasser un seigneur ennemi, il peut devenir propriétaire des terres désormais abandonnées, et de là, commencer à construire son domaine. Bien sûr, de nombreux écuyers sont armés chevaliers dans des circonstances beaucoup moins romantiques, souvent sur le champ de bataille, au milieu de leurs camarades morts et agonisants. Bien que les écuyers soient habituellement adoubés par des personnes étrangères à leur famille, il arrive parfois que les pères arment leurs fils. Peu importe celui qui confère cet honneur, ni même l'endroit, la cérémonie est la plus grande distinction qu'un homme médiéval puisse recevoir.

Haut de Pageour clôturer la cérémonie, c'est la fête. Festins et tournois se succèdent, parfois pendant plusieurs jours. Tout le monde s'attable pour le banquet tandis que les musiciens, jongleurs et acrobates s'affairent. La journée se poursuit dans la liesse, ponctuée de joutes et de passes d'armes.


I. ACCUEIL   II. ARMEMENT   III. CIVILISATION   IV. GLOSSAIRES   V. HABITATIONS   VI. HERALDIQUE   VII. HISTOIRE 
VIII. HOMMES   IX. INSOLITE   X. SOURCES & LIENS   XI. QUESTIONS & IDEES   XII. COUP DE MAIN   XIII. LIVRE D'OR